Evidemment que je l'aime

"Evidemment que je l’aime ! Qu’est-ce que je foutrais avec elle sinon, hein ? Faut toujours qu’elles posent des questions à la con les gonzesses, juste quand toi tu penses à autre chose : le dossier Foydevo à boucler, la bagnole qui faiblit de la compression, le sourire de la petite de la compta.

C’est quoi cette manie qu’elles ont de toujours vouloir entendre qu’on les aime ? On est là et non on n’a pas oublié le pain. On est là et oui on en a plein les bottes du patron qui stresse, des douze heures de bureau, des embouteillages. T’arrives à moitié canné et elle te raconte les misères de Sandra (son mari la trompe tu te rends compte ? Oui , je me rends compte : à sa place je ferais pareil), la vie dissolue de Géraldine qui collectionne les mecs (t’aurais pas son portable ?) la santé déficiente de Georges (je suis pas médecin, merde, et je me tamponne de ses hémorrhoïdes). On écoute, l’esprit ailleurs, on a branché le répondeur automatique. Oui… hein ? Tu crois ? Non, c’est pas vrai ?!

Putain elle va pas se taire ! Elle me saoule, elle me niffle, elle m’emmerde. Je vais la renverser dans ses épluchures de patates et lui en filer un coup entre les guitares. Elle gueulera au charron, au loup, au feu : l’amour c’est dans le pieu, lumière tamisée et nuisette coquine. T’es qu’un obsédé, un malade…

- Tu m’aimes dis ? Si tu me trompais tu me le dirais ?

La question qui tue : sûr que je lui dirais ! Sûr que je vais me mettre la vie à l’envers pour une histoire de fesses. Je vais pas lui raconter que sa copine elle suce divinement et qu’elle, elle n’est qu’une pauvresse qui s’exécute : elle y met tellement de bonne volonté. Une fois l’an. Je vais pas lui dire que l’amour bien propre bien correct (ah non ça on fait pas !) ça me gonfle. Pour ça je vais voir ailleurs. Avec elle, c’est moi qui m’exécute.

Elle m’emberlificote dans sa tendresse asphyxiante, elle m’étouffe dans ses bras guimauve. J’en ai ma claque de ses regards énamourés, de ses bisous inopportuns (mais tu vois pas que je regarde le foot !), je suis saturé de ses « mon amour, mon chéri, mon trésor » dont elle saupoudre toutes les conversations : t’as vu mon amour le voisin a changé de voiture, tu sais mon chéri il faudrait refaire les peintures, mais non mon trésor la viande n’est pas trop cuite

- tu me quitteras jamais hein mon amour chéri trésor ?

Ca... Jamais ! Jamais c’est comme toujours : ça veut rien dire. C’est des notions abstraites : sûr que c’est les nanas qui ont inventé ces mots là pour nous ficeler. Jure moi ! Je te jure rien du tout : aujourd’hui je suis là, sûrement que demain aussi. Mais nom de dieu avant de me connaître tu te passais de moi. Ce que t’as fait tu peux le refaire. Je sais pas moi, sors un peu, vois du monde, arrête de m’attendre tout le temps, lâche moi un peu. Tes connasses de copines qui te bourrent le mou avec leurs idées à la con, tes magazines féminins et leurs conseils à la mords moi le jonc (comment garder un homme, attiser le désir, le rendre fou de vous), on peut pas dire que ça te réussisse : tu rêves d’un truc qui existe pas. L’amour c’est chimique : si la formule foire, l’expérience rate. C’est aussi simple que ça. Le reste, c’est des fadaises de midinette, des élucubrations Harlequinesques.

- on est bien tous les deux, hein ?

Oui. Non. Enfin, ça dépend. Pas tout le temps. Je suis bien aussi sans toi. Ou avec une autre : ça je peux pas lui dire. Je suis bien avec mes potes. Eux me bassinent pas avec leur questions : si je suis avec eux c’est que ça colle. Point. Sinon je me tire. Avec elle c’est plus compliqué. Avec elle tout est compliqué. Son amour c’est de la glu et il y a des moments où j’ai pas envie de glu. Je devrais n’être bien qu’avec elle, m’épanouir grâce à elle, vivre pour et par elle, trouver à Ikea l’intérêt d’un musée et à Femme Actuelle le talent d’un Deleuze

- à quoi tu penses là ?

Je pense pas ! Je te regarde me regarder avec tes yeux inquisiteurs de mater dolorosa qui voudrait savoir ce qui se passe dans ma foutue caboche. Se passe rien là dedans : c’est calme plat. Tu m’anesthésies, tu m’encoconnes les idées : tu penses pour moi des projets à la con de vacances exotiques et larvaires, de week-end coquins dans une auberge paumée, tu penses berceau, biberon et couches-culottes, tu as des idées, des opinions, des avis. Ta tête c’est une usine à gaz, le métro aux heures de pointe, la foire du trône. Mais si tu veux vraiment savoir : j’ai des envie de valise. Et de me barrer. Seul. N’importe où tu ne serais pas. Et puis aussi je rêve d’une salope dévergondée avec laquelle faire le chien, une vraie pute qu’aimerait se faire niquer et qui gueulerait son plaisir à en faire craquer les murs, une que je pourrais sodomiser et bouffer comme un sauvage. Je pense valise et cul. Comment tu veux que je te dise ça ?

Hola ! Voilà qu’elle tournique là. Elle va, elle vient, elle vire, elle tourne. Elle fait rien : des gestes inutiles, comme de bouger cette revue de 3 mm ou de vérifier l'absence de poussière sur le secrétaire. Tout ça avec moult soupirs et z’yeux en coin. Je dirai rien : j’ai pas envie de rentrer dans son système ce soir. Je suis fracassé là, je veux juste penser à rien, le nez dans ma bière. Putain elle va me flanquer le mal de la macaque à naviguer comme ça : je le vois qu’elle a quelque chose à dire, à demander, et qu’elle ose pas parce que je vais « encore » pousser une beuglante. Elle bouscule des trucs bruyants dans la cuisine. Faudra faire réparer l’espagnolette de la fenêtre : c’est crispant ce grincement… Ben elle s’est calmée on dirait : le silence, c’est le contraire des coups de pied au cul : ça fait du bien quand ça commence…

Elle se serait pas tirée hein... Oh, chérie... Chérie ?... Chériiiiiiiiiie...

Certainement fréquent, cette situation.
Hélas !

Si t'as pas la capacité d'affronter ma réalité
Faudra qu' tu te casses de mon trottoir
tôt ou tard...

Un vers du Papy qui me vient entre les oreilles.

La réalité des autres est secondaire, chacun vivant dans son monde.
Altruisme, mon cul !

Ce n'est pas parce qu'elle est difficile à appréhender qu'elle est forcément secondaire

D'où l'intérêt de n'accepter de s'entourer que de gens gentils.
Je ne pourrais tout simplement pas supporter un centième du type genre décrit plus haut.
Dans une vie où aucun jeune (qui n'est pas une musulmane) ne peut être vierge à 12 ans, l'amour et la tendresse ont plus de mal à s'installer.
Je ne défends aucunement la chasteté, mais la banalisation des rapports sexuels nous fait nous demander : "et la tendresse, b... ?"

Je ne pourrais pas supporter ça non plus... mais j'en ai connu

Je ne suis pas sûre que le sexe soit si banalisé que ça ni qu'il soit dépourvu de tendresse... après

Avant ou après, même combat !

Oui mais pendant ?

Aussi, oeuf corse !

Tout ce que je détesterais cordialement. Super, ce texte, Flo, il tape là où il faut.

grumpythedwarf a écrit:Avant ou après, même combat !

Floréane a écrit:Oui mais pendant ?

même sans draps !

Spoiler:

Anatomiquement pas possible...? Un truc m'échappe là !

du verbe pendre, voire pendouiller

En fait, tu es pire que moi !!

Bien pire, hélas.
Je dois me faire à l'idée que j'ai une voisine lubrique, voire lubrifiée...

Schocking !!

Il n'y a pas de quoi l'être.

Je galège mon ami, je galège !

Je sais, mon amie, je sais.

grumpythedwarf a écrit:Bien pire, hélas.
Je dois me faire à l'idée que j'ai une voisine lubrique, voire lubrifiée...

et cela le gêne affreusement, ma bonne Flo, au point qu'il a décidé de garder en permanence un oeil sur moi à travers les forums.
Cet homme est un saint, je te le dis !

Floréane a écrit:Un truc m'échappe là !

tiens, je l'ai ramassé, c'était ton dentier
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V
N'ayez pas peur, j'ai survécu

Ve me divais auffi...

Topics aux oubliettes, échanges oubliés.. Une chose et puis une autre, et puis le temps qui passe et la vie qui va, cahin caha...
Mais je vous aimais déjà ! ::