La citation du jour (bis)

17/06:

"Qu'est-ce qui n'est pas désespérant pour un esprit lucide ?"


A.Comte-Sponville.

Oui, là c'est vrai : tout est désespérant quand on y songe, on ne cesse de se battre contre l'indifférence, la bêtise, la lâcheté, la cupidité, les intentions délétères, la facilité dans pratiquement tous les domaines, la frivolité servant de masque à la bêtise crasse, les promesses vendues à faux poids, les calculs sordides de l'ambition calculant ses émoluments d'opportunisme. Par-dessus tout, le médiocre s'accroissant de son nombre et se proposant en paradigme. Voilà qui est désespérant.
Et pourtant, si me proposait d'être un imbécile parfaitement heureux, je n'en voudrais pas.

Pas mieux

A se demander comment et pourquoi on survit dans cet océan de désespérance.

On peut bien sûr ne voir que le verre à moitié vide. Je pars du principe qu'il ne faut pas oublier qu'il est aussi à moitié plein. Tout n'est pas si noir, pour qui sait observer avec un peu de bienveillance.

Je ne vois pas bien ce que la bienveillance vient faire là. A moins que tu n'entendes par là : "se bercer d'illusions" ?

Le fait que nous soyons dès notre naissance condamnés à mourir rend tout ce que nous faisons vain, ça peut paraître désespérant.

Eh oui, à commencer par le fait que mettre un enfant au monde c'est le condamner à mort.
C'est la première chose qui m'a traversé l'esprit quand mon fils est né !

De la bienveillance ! Ah oui ? De la bienveillance pour cette foutue conasse qui, un sourire niais aux lèvres, vient me chuinter entre deux verres de gin : "tu sais, il est bien, Macron, et il est beau..", ou cette autre au concert qui applaudit à tout rompre pour faire croire qu'elle y connaît quelque chose et qui est incapable de te donner le titre de ce qu'elle vient d'entendre et qu'elle a interrompu dix fois avec son portable, tant ça l'intéresse ! De la bienveillance pour ce hâbleur ventripotent, grande gueule à baffer dix fois par jour, qui met la main sur l'épaule de Jo en lui disant d'un ton supérieur : "tu sais, mon gamin", et qui était à deux doigts de s'en prendre une en pleine tronche s'il avait insisté. De la bienveillance pour ce peuple imbécile, infantilisé, servile, stupide et couard qui se prend pour le premier peuple de la Terre et qui en est la lanterne rouge ! De la bienveillance pour cette sordide crapule qui vend ses fraises empoisonnées en employant des Roumains à 650 euros par mois ! Qui encore envelopperons-nous dans ta belle bienveillance ? Non, je ne suis pas bienveillant ! A l'heure où chacun d'entre nous a les moyens d'être moins con à peu de frais, où il est aisé de faire fonctionner sa cervelle grâce à l'immense l'accès que nous avons tous à la culture, la vraie, celle qui étudie les choses en profondeur, je n'éprouve envers le troupeau bêlant habitué à la facilité qu'un immense et invincible dédain. Alors, la bienveillance, sans moi...

J'aime bien vos réactions. Elles sont très saines.

Ah ! ce bon vieux "A quoi bon ?"

+1 avec Pimbi.

On peut avoir un côté bienveillant mais sans en faire une question de principe.

Franchement, vous avez une telle vision des êtres humains que je me demande ce qui vous pousse à fréquenter des forums et à y rencontrer des personnes !

Je côtoie aussi des cons, bien sûr, mais pas que, et je n'irai certes pas mettre tout le monde dans le même panier. J'ai vu aussi des réactions formidables de gens que je prends pour de véritables connards au quotidien. Alors non, je n'aurai pas une vision partielle et entièrement négative de la plupart des gens !

Je vois ce que je vois, et je ne dore pas la pilule. La mauvaise foi, la sottise, l'hypocrisie, sont partout, l'égoïsme leur tenant le pot de chambre. Hors quelques amis éclairés, qui réfléchissent avant de parler et qui lorsqu'ils parlent disent franc et net ce qu'ils pensent, le reste n'est qu'un ramassis de façonniers qui passent leur temps à louvoyer entre les écueils, histoire de se faire bienvenir de tout le monde. Mon côté Alceste dût-il prendre le dessus, à mon grand dam, d'ailleurs, car je souhaiterais qu'il en soit autrement, je ne réformerai pas l'opinion que j'ai des gens sur des chimères qui me font hausser les épaules. Parce que, si je te comprends bien, gingembre, il faudrait sucrer la moutarde le plus possible, fermer les yeux avec mansuétude et passer à autre chose, sous peine de contracter un accès de misanthropie ! Il reste que la réalité palpable, celle que l'on côtoie tous les jours, finit toujours par nous rattraper. Devant les flatteries à l'emporte-pièce et sans lendemain, les caresses publiques aussitôt démenties une fois les tréteaux du théâtre démontés, face aux engouements postiches qui trahissent des abîmes de duplicité, devant le spectacle lamentable des opinions qui ont pris racine dans l'ignorance et la bêtise, je ne tergiverse pas.
Et je ne suis pas le seul : Fabien (le père de nos filleules), sa femme, Jérôme, sont tous concernés au premier chef. Un malencontreux hasard ? Alors pour une fois, le hasard fait bien mal les choses.

Je ne parle pas de la société telle qu'on nous la montre dans les médias. Là, je reconnais que l'image est affligeante ! Mais je sais voir les qualités des gens que je fréquente, tant dans ma vie privée que professionnelle, et je crois que si l'on se donne la peine de creuser un peu, en connaissant mieux la personne, on découvre qu'il y a aussi du bon chez la majorité des gens.

Comme tu dis "il y a DU bon", mais la plupart ont très peu de "bon"...

Ca demande effectivement à être cultivé, car ce n'est pas forcément notre penchant naturel.

gingembre a écrit:Je ne parle pas de la société telle qu'on nous la montre dans les médias

Et moi, de quoi est-ce que je parle ? Les opinions des medias, je m'en tape. Je cause de mon entourage, de celui de mes amis proches, de ces gens qui te tapent sur l'épaule un grand sourire aux lèvres pour te trahir l'instant d'après. Ils appellent ça des palinodies circonstancielles. Fabien, qui a milité pour Mélenchon, qui a été deux fois à Paris pour le soutenir ; Fabien, qui s'est mis en quatre pour appuyer une cause à laquelle il croyait et dans laquelle il croit toujours, à qui a-t-il eu affaire ? A des girouettes qui, une fois JLM éliminé, se sont hâtés de l'abandonner, et pour qui ? Pour Macron ! Merde à la fin, tu veux que je "creuse" ces gens-là pour leur trouver "quelque chose de bon" ? Et puis quoi encore ? Le mépris, et même le crachat à la figure ! Tas de fumiers qui flattent le premier venu, pourvu qu'il soit le parvenu. J'appelle ce genre d'individus des grosses merdes.

Des personnes telles que tu les décris, certes il y en a, mais on ne peut généraliser et englober tout le monde dans cette catégorie.
Tu sais, après l'incendie de ma maison, quand j'ai tout perdu, même la raison,et que tout le monde m'a abandonnée, sauf une poignée de proches, j'ai eu les mêmes réflexions que toi. J'étais écœurée, abasourdie.
Quoi, tous ces amis à qui je venais régulièrement en aide, me fuyaient en voyant l'ampleur des dégâts ?
Si peu pour me tendre la main, ne serait ce que passer un moment avec moi et me changer les idées ?
A l'inverse, de parfaits inconnus, ou des connaissances lointaines, ont eu un comportement super !
Le psy que je consultais à l'époque, et auquel je confiai ma stupeur, m'a répondu qu'il en était bien souvent ainsi et que cela pouvait s'expliquer par le sentiment de douleur mêlé à l'impuissance qu'ils ressentaient.
J'avoue avoir tout de même eu beaucoup de mal à digérer tout cela, et il est vrai que ce sont des personnes que je préfère ne plus voir.

gingembre a écrit:Des personnes telles que tu les décris, certes il y en a, mais on ne peut généraliser et englober tout le monde dans cette catégorie.

Tout le monde peut-être pas mais bien du monde tout de même. Il n'est qu'à voir ce qui se passe en politique où tels des rats, beaucoup se sont ralliés au parti sortant en espérant une miette de reconnaissance (sonnante et trébuchante).

Personnellement, je réserve ma bienveillance à mes très proches (ce qui fait très peu de monde). Pour le reste, je suis extrêmement critique : il y a trop de pourris, de traîtres, d'opportunistes qui se parent du masque de la vertu pour le laisser tomber dès qu'ils sont parvenus à leurs fins.
Je n'ai aucune confiance en l'homme (homme au sens large), corrompu jusqu'à la moelle, prêt à se vendre pour monter une marche, grappiller une once de gloire ou de succès.
Il y a, peu nombreuses et toujours individuelles, des exceptions, je te l'accorde. Mais si rares.
On ne peut en fait se fier à personne et avoir des surprises douloureuses de ceux qu'on croyait connaître et sur lesquels on pensait pouvoir compter.
Il y a longtemps que je n'attends plus rien de personne, que je n'ai plus confiance dans les promesses, serments et belles paroles.
En revanche, si un(e) ami(e) fait appel à moi, je ferai n'importe quoi pour lui venir en aide. Pour moi, je préfère me débrouiller seule, même si personne ne m'a jamais trahie. Compter sur les autres, c'est avoir un fil à la patte et plus ça va, moins je supporte la dépendance.

Je ne demande de service à presque personne, et très rarement. En fait, seulement quand il m'est impossible de faire autrement. Mais je viens en aide dès que je le peux, quand je vois qu'une personne est dans l'embarras. Même si c'est une personne que je n'apprécie pas forcément.
Avec mes très proches, l'entraide se fait naturellement et de façon réciproque.

L'aide de ma fille est précieuse pour l'instant, surtout pour remonter le moral de sa mère qui n'est pas au beau fixe.

Il va lui falloir du temps... C'est bien que tu aies de l'aide : il est parfois difficile de tout faire tout seul.

18/06:

"La violence, en cas de légitime défense, n'est que de l'intelligence."


Malcolm X.

Intelligence pourquoi pas mais on aurait pu dire instinct de survie, bon sens etc.

Reste aussi à savoir ce que l'on entend par légitime défense.

La violence n'est jamais qu'une réaction toute légitime, même si, aptès réflexion, on se dit qu'elle aurait pu se raisonner...mais, l'être humain n'est pas quelqu'un de raisonnable, je crois bien!

Je ne sais pas si la violence est un acte intelligent, mais en cas de force majeure elle est fondée en raison : on a le droit légitime de se défendre si notre vie est menacée.