Un beau mariage

Ca a été un bordel monstre : monstre !! Des bagnoles, des galurins en tulle, à fleurs, en paille, rubans et voilettes, des costards puant la naphtaline, loués ou trop petits, des robes à froufrous, des ensembles « dadame », des mômes déguisés, une cacophonie de parfums, un brouhaha de foire : 300 personnes au moins sans compter les parasites : la famille, enfin, les familles, les familles des familles, cousins et autres parents pas vus depuis des lunes, les copains, copains des copains. Des gosses criards partout. Un buffet du tonnerre de dieu sous une tente à rayures louée à prix d’or avec le matos et les loufiats. De la bouffe à foison, de quoi nourrir l’Afrique pendant 10 ans et une pièce montée grande comme la tour eiffel. L’alcool à flots : faire rougir la Pologne. Grand genre et petits moyens..
 
Et puis la mariée habillée en meringue, pas très jolie, mal fardée, choucroutée sous le voile, pas très à l’aise (les chaussures neuves et la robe trop juste, ça n’aide pas au sourire). Et lui, engoncé dans un ensemble de chez Vernucci qui lui donne l’air d’un hippopotame endimanché. Et les parents : les mères enlarmées, les pères suspicieux, les soeurs envieuses, les amies acerbes « t’as vu ses pompes : ils ont les mêmes en solde chez Adrey ..», les copains rigolards aux propos salaces.
 
Mais bon, ils ont assumé –avec le sourire- le repas interminable avec les incontournables blagues grivoises et baveuses, ils ont fait les photos devant la fontaine, le buffet, l’orchestre, dans le parc, avec les mioches, les tontons, les cousines, les chiens. Ils ont supporté la chaleur (riche idée de se marier en juillet dans le Var), les klaxons, les gosses, les réflexions mesquines, les papys endormis sur leurs jabots tachés, les gueulantes de l’oncle Ferdinand beurré après deux pastis, les questions idiotes, les jacasseries des unes et les mesquineries des autres, le déballage des cadeaux avec exclamations enthousiastes obligatoires et remerciements émus (quatre louches en inox, ça se fête), les conseils de maman, belle-maman, grand-maman, futures mamans, déjà mamans et autres pondeuses périmées ou potentielles.
 
Et là ils sont comme deux cons, épuisés, hâves, défaits, ballonnés, elle les chevilles enflées, la choucroute effondrée, du mascara jusqu’à mi-joues ; lui transpirant jusqu’au milieu du dos, la ceinture ouverte sur un bedon prometteur, le teint enflammé et l’œil torve (les mélanges alcooliques, c’est redoutable pour l’esthétique). Ils sont ivres et l’alcool n’est pas seul en cause : le bruit, l’épuisement, les conseils, les piétinements, cette putain de messe qui n’en finissait pas, cette goinfrerie dantesque. Et puis cette chambre « nuptiale » : la couche semi-ouverte, du champagne dans un seau en argent, des fruits, des dragées : boire et bouffer, toujours.
 
Et baiser ? Nuit de noce oblige ! Baiser ! Lui bande en foulard et n’a qu’une envie : s’étendre et dormir ! Quant à elle, elle a les yeux dans l’eau devant ses rêves romantiques saccagés, cette fête gâchée qu’on lui a volée.
 
La tête sur l’oreiller, désossé, sans forces mais encore lucide, il lui a soufflé à l’oreille, avant de sombrer : « on a loupé notre mariage mais je te promets : on réussira notre divorce ».

J'adore les happy end!
Rien de tel qu'une histoire à l'eau de boudin pour se réveiller le matin, les berceuses du soir c'est pour les bébés!
Je relève ce passage succulent qui résume à lui seul le quotidien du clampin bien conforme:

"Ils sont ivres et l’alcool n’est pas seul en cause : le bruit, l’épuisement, les conseils, les piétinements, cette putain de messe qui n’en finissait pas, cette goinfrerie dantesque. Et puis cette chambre « nuptiale » : la couche semi-ouverte, du champagne dans un seau en argent, des fruits, des dragées : boire et bouffer, toujours."

Quant à la vision romantique de la mariée, c'est de la poudre aux yeux (et une choucroute sur la tête!), la plupart des filles qui se marient ont déjà assisté à des mariages et elles savent parfaitement à quoi s'attendre.
Malhonnêteté oblige. Comment voulez-vous que les gens soient sincères et crédibles s'ils ne sont pas d'abord honnête avec eux-même, je vous l'demande ma p'tite dame!
Le mariage n'est pas une décision personnelle c'est une convention familiale:
-Tu ne crois pas en dieu alors pourquoi t'es-tu mariée à léglise?
-Pour faire plaisir à mamie et... pour les photos, c'est joli sur le parvis!
ou mieux:
-Tu as toujours été contre le mariage alors pourquoi te marier?
-C'est plus simple pour les papiers et puis ça fait plaisir à tout le monde!



La tête sur l’oreiller, désossé, sans forces mais encore lucide, il lui a soufflé à l’oreille, avant de sombrer : « on a loupé notre mariage mais je te promets : on réussira notre divorce ».

-"Ok Marcel mais il faudra d'abord aller manifester... répond Maurice en se grattant les couilles avec l'un de ses faux-seins,
"le divorce pour tous!"

J'adore tes commentaires

Jeudi a écrit:Quant à la vision romantique de la mariée, c'est de la poudre aux yeux (et une choucroute sur la tête!), la plupart des filles qui se marient ont déjà assisté à des mariages et elles savent parfaitement à quoi s'attendre.

Tu serais surprise de la naïveté de bien des jeunes femmes, persuadées que, pour elles, ce sera différent !

Oh mais, moi, ça a été différent ! il était hors de question que je mette une robe blanche (déjà, une robe, j'hésitais). "Oh, mais c'est la seule fois où tu pourras le faire, tu risques de regretter".
Pas une fois, oui !
Ensuite, nous avons invité les copains à se faire griller des brochettes dans notre feu ouvert, chacun s'occupait d'un truc, c'était cool.
Bien sûr que nous avons été trop fatigués pour faire quoique ce soit, après, mais ça n'urgeait pas, quand je vous dis que la robe blanche, moi...
Nous nous sommes dit que nous avions notre vie d'époux devant nous, que le sexe obligatoire, c'est comme tout ce qui est obligatoire : lourd.
Le truc pour avoir un vraiment bon mariage : être fauchés (c'est le même truc pour ne pas divorcer, mais là c'est plus triste).
Nous venions d'acheter la maison et de faire des travaux, c'était le grand mariage ou l'installation immédiate, il n'y a pas eu un instant d'hésitation !

Je me suis mariée à l'étranger, au Consulat. On était 4 (avec les deux témoins). Ca a bien dû prendre 10 minutes Et je portais une robe courte, blanche (un hasard) et complètement transparente !

Et c'est un bon souvenir ?

Pas particulièrement. Une péripétie.

Oui, parfois, il est difficile de savoir si le souvenir est agréable ou bien si tu regrettes une époque plus insouciante, mais je ne crois pas avoir un seul bon souvenir d'enfance. J'ai bien fait de me marier

Rien à voir avec une époque plus insouciante. Je ne regrette pas non plus : ça ne servirait à rien. Disons que ça ne m'a rien apporté. Et je n'ai jamais recommencé

Je ne vous raconte pas le mien.
Sans intérêt. D'une convention à chier (belle-famille catho coincés)
J'ai utilisé mon mépris à bon escient ce jour-là.

Heureusement, c'est du passé lointain.

Oui mais la petite souris, elle, elle valait le coup de supporter ce pensum

Ben, ça a duré 15 ans quand même...
La préhistoire déjà...

grumpythedwarf a écrit:La préhistoire déjà...

forcément puisque tu y étais

grumpythedwarf a écrit:Ben, ça a duré 15 ans quand même...
La préhistoire déjà...

Ca ne dure plus ? Ou alors tu as changé de souris...

Oui. Depuis longtemps.
Et je m'en félicite chaque jour que Toutatis fait.

Haha ! Récidiviste !!

Non. Pas de second mariage.
Sans le papier, ça marche aussi bien (dans mon cas, mieux)

Le papier le papier, c'est parfois utile...

Floréane a écrit:Ou alors tu as changé de souris...

Il est passé au tactile...

Aussi.

Il faut reconnaître que, le tripotage bien mené, ça a du bon

Faut juste avoir assez de bits ?

Oui. Parce qu'avec les octets, on ne fait pas grand chose...

Octet bô mon nain quand tu raisonnes !

Chuis toujours bô !
Beau le matin
Et cor beau le soir.
L'ai déjà dit.